Euskadi Ta Askatasuna
Notes de lecture d'un historien
samedi 26 mars 2016
CHALVIDANT Jean, Secrets d'ETA. Éditions Jean Picollec, 2012.
« Sous une reproduction du tableau de Picasso, les accords de Guernica ont été signés le 25 Octobre 2010 au Lycée Antzokia de Guernica, par plusieurs formations indépendantistes basques, dont l'ex Batasuna, Aralar, Eusko Alkartasuna (EA), Alternatiba, le parti de France Abertzaleen Batasuna (AB), et 23 autres organisations, avec comme objectif d'obtenir une négociation entre partis afin de trouver une solution au « conflit basque ». Ils tiennent en 12 points :
1 – Déclaration de la part d'ETA, d'un cessez-le-feu permanent, unilatéral et vérifiable par la communauté internationale, signifiant la volonté d'un abandon définitif de son activité armée.
2 – Reconnaissance des droits civiques et politiques, en permettant l'activité et l'éclosion de tous les projets politiques. Dérogation de la loi des partis politiques.
3 – Disparition de tout type de menaces, pressions, persécutions, arrestations et tortures contre quiconque en raison de son activité ou de son idéologie politique.
4 – Arrêt de la politique pénitentiaire en vigueur à l'encontre des prisonnier et prisonnières politiques basques, et adoption de mesures comme le rapprochement ou la libération des prisonniers malades, premier pas vers l'amnistie.
5 – Révision des processus judiciaires menés contre les personnes ou les structures, pour raisons politiques.
6 – Dérogation des juridictions et des tribunaux spéciaux dans la législature d'exception, et disparition de la mise en isolement.
7 – Levée des mesures restrictives et/ou interdites imposées aux militants ou aux organisations indépendantistes, dans leurs activités politiques.
8 – Appel à la participation d'agents internationaux, afin qu'ils vérifient qu'aucun droit ne sera lésé.
9 – Le dialogue et la négociation seront placés sous l'égide des principes Mitchell, tels l'usage de moyens exclusivement démocratiques et pacifiques, ou l'engagement d'accepter tout accord obtenu durant les négociations multipartites.
10 – Le processus de négociation pour l'obtention d'Accords politiques formera le patrimoine exclusif des acteurs politiques, syndicaux et sociaux.
11 – Les contenus du dialogues politique chercheront un accord entre toutes les cultures politiques du pays, sur la reconnaissance tant de la réalité nationale basque que du droit à décider, sur le modèle juridico-institutionnel interne et sur le type de relation avec les États, y compris l'indépendance.
12 – Nécessité de la reconnaissance, de la réconciliation et de la réparation envers toute les victimes touchées par le conflit politique et la réalités des violences multiples.
CHALVIDANT Jean, Secrets d'ETA. Éditions Jean Picollec, 2012.
« Selon la Fondation Euskal Memoria, créée en 2009 [...]
474 « citoyens basques » ont trouvé la mort depuis 1960,
« des mains des appareils de l'État, lors d'actions réalisés
par des personnes ou de groupes aux ordres de l'État, et en des
circonstances dérivées de ce conflit. » Les causes sont
résumées dans un document intitulé « Guernica ne leur a pas
suffi », édité en décembre 2010. Nous le reproduisons in
extenso […]
Causes des décés
Évènements / Morts
Échange de tir 165
Embuscade 57
Maladie 52
Manipulation d'explosifs 43
Accidents de parents (ou de proches, survenus dans des accidents de voitures alors qu'ils allaient rendre visite à l'un des leurs, incarcéré) 31
Explosif 29
Contrôle 21
Attaque 14
Torture 12
Suicide 11
Tentative d'évasion 10
Accident de voiture 6
Disparition 5
Viol 2
Coups 2
Noyade 2
Électrocution 2
Immolation 2
Empoisonnement 1
Autres 7
Total 474
Responsables des décés
Responsables / Morts
Garde civile 115
Police nationale 83
Accident 57
En exil 34
Bataillon basque-espagnol (BBE) (Groupe armé d'extrême droite, responsable de 23 assassinats d'étarres entre 1975 et 1981, principalement au Pays basque nord – soit en territoire français) 32
GAL 27
Prison 23
Dispersion 17
Ertzaintza 16
Triple A (Alliance apostolique anticommuniste, groupe paramilitaire fondé peu après la disparition de Franco. Ses buts sont identiques à ceux du BBE) 9
Armée espagnole 9
Guerre sale 9
Suicide 9
Fascistes 4
Police française 4
Police municipale 4
Armée du Salvador 2
Sécurité privée 2
Police d'Uruguay 1
Police – Mafia 1
Contrat du Nicaragua 1
CRS 1
Paramilitaires de Colombie 1
Police du Chili 1
Police d'Italie 1
Autres 10
Total 474
Chronologie des décès
Jusqu'en 1975 86
1976-1979 88
1980-1984 123
1985-1989 50
1990-1994 41
1995-1999 33
2000-2004 31
2005-2010 22
Causes des décés
Évènements / Morts
Échange de tir 165
Embuscade 57
Maladie 52
Manipulation d'explosifs 43
Accidents de parents (ou de proches, survenus dans des accidents de voitures alors qu'ils allaient rendre visite à l'un des leurs, incarcéré) 31
Explosif 29
Contrôle 21
Attaque 14
Torture 12
Suicide 11
Tentative d'évasion 10
Accident de voiture 6
Disparition 5
Viol 2
Coups 2
Noyade 2
Électrocution 2
Immolation 2
Empoisonnement 1
Autres 7
Total 474
Responsables des décés
Responsables / Morts
Garde civile 115
Police nationale 83
Accident 57
En exil 34
Bataillon basque-espagnol (BBE) (Groupe armé d'extrême droite, responsable de 23 assassinats d'étarres entre 1975 et 1981, principalement au Pays basque nord – soit en territoire français) 32
GAL 27
Prison 23
Dispersion 17
Ertzaintza 16
Triple A (Alliance apostolique anticommuniste, groupe paramilitaire fondé peu après la disparition de Franco. Ses buts sont identiques à ceux du BBE) 9
Armée espagnole 9
Guerre sale 9
Suicide 9
Fascistes 4
Police française 4
Police municipale 4
Armée du Salvador 2
Sécurité privée 2
Police d'Uruguay 1
Police – Mafia 1
Contrat du Nicaragua 1
CRS 1
Paramilitaires de Colombie 1
Police du Chili 1
Police d'Italie 1
Autres 10
Total 474
Chronologie des décès
Jusqu'en 1975 86
1976-1979 88
1980-1984 123
1985-1989 50
1990-1994 41
1995-1999 33
2000-2004 31
2005-2010 22
Libellés :
Etarres décédés,
Euskal Memoria,
Jean Chalvidant
CHALVIDANT Jean, Secrets d'ETA. Éditions Jean Picollec, 2012.
« Le combat d'ETA apparaît aux yeux des jeunes générations
comme passé de mode, à l'heure de l'Europe unie, de Maastricht, de
la monnaie unique. D'autant que la Constitution de 1978 a accordé de
très larges pans de souveraineté aux diverses communautés
autonomes. Le Pays basque s'est vu concéder, comme les autres
grandes régions, le droit d'élire son propre Parlement, ses
députés, son président (le lehendakari), ses ministres, le
bilinguisme, son drapeau (l'ikurrina), son hymne, le droit de lever
les impôts et de répartir la manne à qui il le souhaite. Et même
sa propre police (l'Ertzaintza). Si ce n'est pas une très vaste
autonomie, ça y ressemble bigrement. De quoi s'interroger : le
Pays basque en a-t-il connu autant dans son passé ? Ce qui fait
dire au porte-parole du PSE au Parlement basque […] qu' « Euskadi
n'a jamais existé en tant que nation avant la Constitution de 1978
et le Statut de Guernica ». P. 23.
CHALVIDANT Jean, Secrets d'ETA. Éditions Jean Picollec, 2012.
« Le pari était risqué, mais il est en passe d'être
gagné. Tant le conservateur Aznar que le socialiste Zapatero ont
choisi l'option d'interdire tout parti politique basque qui
n'afficherait pas clairement le rejet de la violence, Ce qui a valu
dès 2003 à HB (Herri Batasuna), à Batasuna età EH (Euskal
Herritarrok) d'être interdits de présenter des candidats aux
élections. Tout comme leurs succédanés, le Parti communiste des
Terres basques (PCTV en espagnol, EHAK en Basque) et l'ANV, tous deux
en septembre 2008. Pour durcir le tout, le redoutable Garzon a jugé
nécessaire en février de la même année d'envoyer au cachot
vingt-six de ses trente-neuf dirigeants […] Si l'on ajoute
l'interdiction antérieure des journaux basques trop clairement
favorables à l'indépendance, comme Egin en 1998, Egunkaria en 2003,
ainsi que la revue Jakin, l'hebdomadaire Argia, ou le portail
internet Plazagunea, le constat est clair : ETA ne possédait
plus aucun relais politique et quasiment plus de vecteurs médiatiques
avant que le Tribunal constitutionnel, par une voix de majorité, ne
lui lance une inespérée bouée de sauvetage en permettant à la
coalition Bildu de se présenter aux municipalesde mai 2011 et de
devenir la deuxième force politique du Pays basque. » p. 16.
Libellés :
Incarcérations,
Jean Chalvidant,
Mai 2011,
Répression
CHALVIDANT Jean, Secrets d'ETA. Éditions Jean Picollec, 2012.
« Comment expliquer les arrestations autrement que par
l'action policière et le renseignement ? Car entre France et
l'Espagne, la coordination antiterroriste est pleine et entière.
C'est sans compter sur les indicteurs, et autres mouchards que les
services espagnols ont réussi depuis des années à infiltrer dans
l'organisation. Déjà, par le passé, ce sont deux « taupes »
qui ont permis les prises les plus importantes. Ainsi, El Lobo est en
1975 à l'origine du plus gros coup de filet contre ETA [...]En 1992,
c'est grâce au travail souterrain d'un garde civil infiltré que le
« collectif Artapalo » […] est interpellé à Bidart.
Car les arrestations fortuites suite à des contrôles routiniers de
gendarmerie ne trompent personne : ETA est noyautée de
l’intérieur par des indicateurs, immiscés dans le mouvement par
les services secrets depuis des années, et qui indiquent le moment
opportun pour frapper. Effet induit : tout membre d'ETA regarde
son compagnon comme une « balance » en puissance. »
p. 14.
CHALVIDANT Jean, Secrets d'ETA. Éditions Jean Picollec, 2012.
« On dénombre environ 704 etarres emprisonnés (contre 300
en 1999). Dont 140 en France. Environ, car le nombre évolue chaque
semaine au fur et à mesure des arrestations et des élargissements.
Avec un pic de 760 en 2010. C'est le chiffre le plus importants
jamais atteint en cinquente-deux ans de son histoire, excepté durant
la période franquiste (860 détenus en 1969) où le Caudillo faisait
arrêter n'importe qui sans grand discernement pour montrer son
autorité déclinante. Si l'on met en parallèle le nombre d'étarres
actuellement plus ou moins en activité, environ 210, dont seulement
une cinquantaine pleinement opérationnelle, on se rend compte que
l'essentiel de l'organisation est sous les verrous. […] Au total,
dans les trente dernières années, 9717 membres ont été
incarcérés. » p. 12.
CHALVIDANT Jean, Secrets d'ETA. Éditions Jean Picollec, 2012.
« […] la souveraineté du Pays basque composé des trois
régions espagnoles (Guipuzkoa, Alava et Biscaye), des trois régions
françaises (Labour, Soule, Basse-Navarre) et de la Navarre (déjà
Communauté autonome), ses signataires reconnaissent que
l'organisation joue en ce moment son avenir. « Une question de
vie ou de mort. » La faute au fameux « processus de
paix », des dix mois, de mars à décembre 2006, où elle a
tendu une main à Madrid sans rien obtenir. Pire, durant cette
période. Ses militants ont continué à être poursuivis et
condamnés. » p 10-11.
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